POUPÉES GALEUSES
résumé
"Les parents c'est terne terrain miné les parents c'est terminé !"
Partir. Fuir. Fuguer. S’évader. Prendre la tangente dans l’infini de la nuit, prendre les routes. Chacune, d’abord, puis toutes ensemble. Elles sont quatre jeunes filles qui s’unissent pour échapper à l’emprise des adultes. Elles vont mettre leur corps à l’épreuve d’une échappée, d’une longue marche vers l’inconnu.
équipe
conception Célia Dumont-Malet, Adèle Beuchot-Costet
mise en scène Célia Dumont-Malet
avec Siloë Saint-Pierre, Adèle Beuchot-Costet Emilia Fullana Lavatelli,Clémence Ravaz-Khellaf
dramaturgie Adèle Beuchot-Costet
scénographie & costumes William Ravon
son & musique Daniel Cadot, Thomas Nolet
chorégraphie Kayssa Khelifi
création & régie lumière Camio George
grimages Laïs Argis, William Ravon
production Compagnie Batteries d’Entrailles
durée 1h05
note d'intention
Dans Poupées Galeuses, les jeunes filles échappent à leurs parents, mais aussi aux regards de ces derniers et des adultes qui les entourent. Le spectacle se présente comme une longue marche, après une première scène de fugue, sans que nous sachions jamais quel est le point d'arrivée et si les jeunes filles y parviendront, car c'est bien le processus de la marche en elle-même qui nous intéresse. Cette fugue sans fin n'est pas présentée d'une traite, mais en plusieurs tableaux qui se succèdent.
Dans cette fuite, le souffle est omniprésent. De l'essoufflement initial et désordonné, naît progressivement un unisson quand les respirations de chacune s'accordent avec les autres; un groupe qui prend souffle apparaît alors, tel un feu qui s'embrase et se déploie. C'est donc par le souffle que le groupe de jeunes filles fait corps et s'unit. Travailler la respiration dans la perspective de la domination politique des adultes, c'est partir des corps qui suffoquent, qui ne peuvent pas bouger, pas parler, juste subir, tout en tentant de toutes leurs forces de sortir la tête hors de l'eau. Le souffle est donc le moteur physique de la pièce, le principe de mouvement qui permet de sortir de l'inertie imposée par la domination, quand les fillettes s'élancent hors du domicile familial. Depuis le souffle se développe un langage qui bafouille, qui essaye et qui fait émerger un sens dans les interstices de plusieurs mots, en partant des sonorités. Pour autant, cette langue n'est pas lourde des traumatismes que ces enfants ont endurés, elle se veut au contraire joueuse, ouverte à de multiples interprétations, et jubilatoire dans sa prononciation. Les fillettes se délectent de cette nouvelle liberté langagière, gouttent les mots qu'elles inventent.
La transformation des corps au rythme de la marche passe aussi par la présence et le maniement de grandes cartes de randonnée. Elles perdent progressivement leur fonction initiale pour devenir, par la manipulation, autres, et finalement recouvrir la scène: emportées par le potentiel de jeu et d'amusement que ces morceaux de papier recèlent, nos quatre héroïnes se mêlent à ce grand tapis de cartes jusqu'à plonger et disparaître dedans. Une créature étrange apparaît alors, animée par son propre souffle. Ainsi, les cartes deviennent un medium entre les corps en mouvement et le paysage environnant, nous permettant d'explorer la dynamique qui s'installe entre les deux et qui dépasse la simple navigation physique pour s'aventurer dans une exploration poétique des liens entre le corps humain et le territoire qu'il parcourt.
Enfin, si nous partons de récits précis, de nos propres souvenirs parfois traumatiques, nous tenons à nous en éloigner au moment de la mise en scène, pour aller vers un effacement du « personnel » en refusant les formes du témoignage ou du récit (semi-fictionnel. Ainsi, nous laissons un champ de lecture et d'interprétation très ouvert pour le public. Aucune violence n'est nommée ou représentée explicitement. Nous mettons davantage l'accent sur les conséquences et les marques que cette dernière a laissé sur les corps des quatre fillettes. En cultivant cette approche, nous souhaitons que le public ressente l'impact émotionnel de ces violences et de la fugue des personnages, sans être confronté à des images directes